Je m’appelle Gilles Mugnier, je fais partie de la famille Mugnier. Nous venons de Domancy et nous sommes distillateurs depuis les années 1940, lorsque mon grand-père avait commencé.

Une histoire de famille

Nous sommes distillateurs de père en fils : mon grand-père a commencé, puis mon père a pris la suite. De ce fait, nous avons baigné dedans. Mon frère a ensuite pris la suite, puis moi. Nous ne sommes pas tout jeune, donc la relève est assurée : mon neveu va prendre la suite.

C’est un savoir-faire qu’il faut avoir beaucoup travaillé avant de le travailler seul : pour réussir à gérer des machines comme nous utilisons, il faut au moins 10 à 15 ans de pratique aux côtés de quelqu’un dont c’est le métier.

Le fonctionnement d’un alambic

Il y a un générateur à vapeur et 3 vases où sont mis les produits. On chauffe le produit à 100°C, on extrait l’alcool, puis on le recondense : c’est le principe de la distillation. Ensuite, ça coule en alcool pur, aux alentours des 50°. C’est similaire à la distillation d’autrefois, avec quelques modifications.

L’arrivée sur un poste

Nos clients sont les mêmes d’année en année, à 95%. Nous avons échangé nos numéros de téléphone. Je leur dit quand nous arrivons dans leur village, ils nous répondent en nous indiquant quelle quantité ils ont à produire, et nous prenons un rendez-vous. Grâce à la quantité précisée, nous savons combien de temps ça va prendre.

Ca se passe très bien avec nos clients, ils sont habitués. Ce sont des gens très sympathiques, qui viennent distiller leur produit. Cela permet de faire de nouvelles rencontres : ils arrivent avec le sourire et ils repartent avec le sourire, et ça aujourd’hui ça n’a pas de prix. C’est de plus en plus rare, dans la vie actuelle, de vivre des moments comme ceux-là. On en est fier et on aimerait que ça continue.

De villes en villages

C’est ancestral : dans le temps il y avait énormément de bouilleurs ambulants, et chacun avait ses villes et villages. Cette tradition est restée, donc nous avons conservé nos villages. Dans certains villages, la tradition s’est perdue parce qu’il n’y avait pas assez de clients. Effectivement, déplacer une alambic demande une journée entière. Mais Cluses, c’est une bonne ville qui reste sur notre route.